En raison de leur taux de survie élevé, les implants dentaires sont un choix valable pour remplacer les dents perdues. Cependant, les complications biologiques ne sont pas rares, la principale étant la péri-implantite, une pathologie liée à la plaque, qui affecte les tissus entourant les implants et se caractérise par une inflammation de la muqueuse péri-implantaire et une perte de l’os de soutien. En cas de perte osseuse importante, le retrait de l’implant peut même être requis.
Les différents traitements et leurs difficultés
Comparativement à la parodontite, la péri-implantite correspond à une destruction plus importante des tissus et de l’os.
Elle requiert par conséquent un traitement et un suivi plus intensifs, dont les principaux objectifs sont la disparition de l’inflammation et la prévention d’une perte osseuse additionnelle grâce à une décontamination de la surface des implants. Un traitement réussi se définit par l’absence de suppuration ou de saignement au sondage (BOP), d’érythème et de gonflement, de perte osseuse supplémentaire, et par des profondeurs de poche < 5 mm. Le traitement peut être de nature chirurgicale ou non chirurgicale.
Les procédures chirurgicales vont d’une intervention par lambeau, avec ou sans résection osseuse, aux approches régénératives faisant appel à des xénogreffes, des allogreffes, ou matières alloplastiques. Ces traitements sont associés à des risques, des effets indésirables et des complications post-chirurgicales et les résultats sont controverses dans la littérature actuelle.
Les traitements non chirurgicaux impliquent un débridement par divers dispositifs (p.ex., instruments manuels, instruments soniques/ultrasoniques, inserts en plastique ou en carbone, aéro-polissage, thérapie photodynamique), avec des agents antimicrobiens, incluant un traitement antimicrobien systémique ou local. Actuellement, les résultats des traitements non chirurgicaux montrent une réussite limitée et une faible predictibilite.
La surface des implants débridée mécaniquement au moyen d’instruments en acier inoxydable, présente des modifications associées à une libération de particules de titane (Ti) dans les tissus environnants, susceptibles d’entrainer d’autres complications. Il est donc nécessaire d’utiliser des instruments permettant de réduire les dommages implantaires tout en maximisant l’effet de nettoyage.
L’utilisation d’un antiseptique et d’un anti-inflammatoire durant le traitement étiologique des sites atteints de péri-implantite peut représenter une alternative à la chirurgie dans les cas légers à modérés.
Recherche d’un traitement efficace et durable
Le traitement parodontal a consisté en une instrumentation mécanique supra et sous-gingivale de la surface radiculaire au moyen d’inserts ultrasoniques, après un rinçage à la chlorhexidine (CHX) a 0,12 % durant 1 min, sous une anesthésie locale adéquate. Les patients ont été répartis en deux groupes selon le traitement des implants associés à la péri-implantite.
Application d’un produit à base de deux composants : hypochlorite à 0,95 % et acides aminés (Perisolv, RLS global AB, Molndal, Suède). Les deux composants sont mélangés avant l’utilisation. L’hypochlorite de sodium et les acides aminés ont formé des chloramines (N-carboxyanhydride, NCA) à courte durée d’action ayant une consistance de gel.
Le gel a été injecté à l’aide d’une seringue dans la poche parodontale jusqu’à observer un débordement. Après avoir laissé agir le produit pendant 30 secondes, le traitement a été poursuivi par le curetage des tissus mous au moyen d’une brosse en chitosane (Labrida, Oslo, Norvege) fixée sur une pièce à main rotative. La brosse a d’abord été trempée dans une solution saline stérile pendant un minimum de 2 min avant son utilisation.
La solution permet aux fibres de chitosane de gonfler, de s’assouplir et d’atteindre une résistance optimale. L’application d’hypochlorite et le curetage ont été répétés trois fois pendant la séance. Le traitement s’est terminé par l’application de 1 mg de chlorhydrate de minocycline (Arestin, OraPharma, NJ)
Les résultats ont révélé un effet positif du protocole combiné, qui consistait en un débridement mécanique non chirurgical au moyen d’une brosse en chitosaneassocié à l’administration locale de microsphères de minocycline et d’hypochlorite à 0,95 % tamponne avec des acides aminés ; l’effet positif a été maintenu durant les 12 mois de suivi. Il existait un effet synergique résultant de la combinaison du traitement uniquement par débridement mécanique (meilleurs paramètres cliniques) avec l’administration d’un antiseptique et d’un anti-inflammatoire qui avait permis une
amélioration encore plus importante du résultat clinique.
Des résultats concluants
Sur le plan biologique, la raison de combiner ces deux produits avec un débridement mécanique repose sur leurs mécanismes de cicatrisation différents. L’hypochlorite, tamponne par des acides aminés et associé à un débridement mécanique, déstabilise le biofilm et élimine le tissu de granulation.
Le chlorhydrate de minocycline à une action antimicrobienne qui améliore les scores de profondeur de poche au sondage et de saignement des tissus péri-implantaires pathologique. Son effet est continu et persiste durant plusieurs jours.
L’élimination initiale du tissu de granulation et la déstabilisation du biofilm augmente donc l’efficacité de l’agent antimicrobien. Il a en outre été prouvé que le chlorhydrate de minocycline réduit l’activiste de la collagénase, inhibe l’activité des métalloprotéases matricielles ainsi que la fonction des ostéoclastes, et il prévient ainsi une destruction parodontale supplémentaire.
Les antibiotiques systémiques, associés au débridement mécanique, sont considérés comme une approche valable pour le traitement de la péri-implantite.
Quoiqu’il puisse être utile, un antibiotique systémique s’accompagne de certains risques, notamment la survenue d’une surinfection et le développement d’une résistance aux antibiotiques.
Le protocole proposé comprend l’administration locale d’un antibiotique qui réduit le risque des complications susmentionnées et permet d’obtenir des résultats cliniques similaires, par rapport à l’administration d’antibiotiques systémiques.
Il a été démontré que la brosse en chitosane est un instrument sûr et efficace pour le débridement des implants dentaires. L’administration combinée d’hypochlorite a 0,95 % et de 1 mg de chlorhydrate de minocycline, le recours à la brosse en chitosane pour décontaminer la surface des implants dans le cadre du traitement non chirurgical de la péri-implantite permet une amélioration clinique statistiquement significative en termes de réduction de la profondeur de poche après 6 et 12 mois.